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Abattoirs Aim Plus de la moitié des emplois supprimés

Coutances (France), 31 mars 2015 (AFP) - La justice a enfin fixé mardi le sort des abattoirs Aim : 276 emplois sur 590 sont sauvés, grâce à deux projets de reprise acceptés par le tribunal, ce qui soulage un peu les salariés qui redoutaient une liquidation totale.

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« C'est une victoire extraordinaire. Le 6 janvier (lors du placement en redressement judiciaire, ndlr), on nous avait dit "tout est terminé" », a déclaré l'avocate des salariés, Me Elise Brand, après avoir annoncé la nouvelle. Le tribunal de commerce de Coutances a validé les deux seules offres déposées sur Aim.

Le groupe breton Chapin-Monfort (220 salariés) va reprendre 70 des 179 salariés de l'abattoir de bovins d'Aim à Antrain (Ille-et-Vilaine). Et des salariés vont, via une société par actions simplifié (Sas) dont ils détiendront la majorité du capital, reprendre l'abattoir de porcs de Sainte-Cécile (Manche) et sauver 206 de ses 357 emplois.

Le tribunal a annoncé sa décision officiellement vers 17h, mais l'avocate avait déjà assuré à la mi-journée, à la fin de l'audience, que les offres seraient validées. « Aim n'est pas mort ! », a alors lancé un homme parmi la centaine de salariés qui attendaient l'issue de l'audience, maintenus à l'écart par des barrières et des gendarmes mobiles. Les salariés ont applaudi et accueilli cette nouvelle avec des larmes de « soulagement », de « joie » et de « tristesse ». A bout de nerfs après trois mois d'incertitude et six audiences, ils redoutaient une liquidation totale. « On s'est battus comme des chiens. Tout le monde est fier de vous. Le juge commissaire à l'audience en pleurait », a témoigné Me Brand.

"Première étape"

C'est après le retrait d'une unique piste de reprise de Sainte-Cécile que les salariés se sont mis, il y a moins d'un mois, à travailler au projet de Sas. « Le déclic est venu du juge commissaire » qui a suggéré l'idée, a précisé Sébastien Lafon, délégué Cfe-Cge d'Aim et président provisoire de la Sas qui va voir le jour le 8 avril. « A mes camarades qui sont dans la même situation (ailleurs en France, ndlr), je dis qu'il faut se battre, ne pas baisser les bras », a ajouté Sébastien Lafon, soulignant toutefois que la décision du tribunal n'était qu'une « première étape du défi à relever ».

Chantal Puillandre est, elle, « soulagée » même si elle n'est « pas à l'abri » car elle ne sait pas si elle fera partie de ceux qui garderont leur emploi. Mais elle est aussi amère. « C'est quand même pas normal qu'il faille se battre à ce point-là pour sauver des emplois en France. Rien n'est fait contre le chômage », a déclaré à l'Afp cette femme qui travaille depuis huit ans à Sainte-Cécile, avant d'éclater en sanglots. « Les salariés ont travaillé jour et nuit » à leur projet de Sas, avant d'apprendre jeudi, la veille d'une première audience où ils devaient présenter leur projet, que l'Etat n'avait pas garanti son aide, a rappelé Me Brand. L'Etat a finalement accordé samedi un prêt de 2,5 millions d'euros pour la Sas, en plus de 2 millions d'euros mis sur la table par une société d'économie mixte (Sem) regroupant la région Basse-Normandie et le département de la Manche. « On est très contents car notre abattoir va continuer à tourner alors que la concurrence voulait absolument le voir fermer », explique Dominique Lemardeley, chez Aim depuis 25 ans. « Mais on est inquiets aussi car on ne sait pas si on est dans le lot » de ceux qui seront repris, ajoute ce père de cinq enfants dont l'épouse est au foyer.

Aim est l'un des derniers abattoirs indépendants de la grande distribution. Créée en 1956 et rachetée en 2003 par Cap 50, l'entreprise est détenue majoritairement par cette coopérative d'éleveurs de porcs. Elle a réalisé un chiffre d'affaires de 246,7 millions d'euros en 2013. La société possédait aussi des antennes à Dangy, Saint-Lô (Manche), Bernay (Eure) et Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir).

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